CHABADABADA
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Notre histoire avec le Ciné.Ville a commencé en mars 2004.
 
     Débuts aussi enthousiastes que chaotiques, entre l'envie de montrer des films et la difficulté à les obtenir, entre le charme et le potentiel du lieu et les caprices des appareils (une quasi décennie durant laissés à l'abandon, ça n'aide pas.. !),
     Entre une partie de la population heureuse de retrouver son cinéma de centre ville et une autre plus méfiante face à cette énième réouverture. Et enfin l'assurance profonde d'avoir notre place ici et maintenant en même temps que la difficulté à se positionner face à ce que les environs proposaient déjà en matière de films.
     En effet, nous arrivions sur une zone déjà pourvue d'un multiplexe et de deux salles d'art et essai performantes, établissements vers lesquels la population locale s'était tournée lors des deux fermetures consécutives de notre salle : en 2002, alors Atalante depuis 10 ans (et que le multiplexe venait de s'implanter) ; puis en 2004, renommée JPB Ciné.Villedepuis seulement 6 mois
  
   Le pari était lancé : prouver à et avecla Ville– qui nous avait fait confiance et à laquelle le cinéma appartient mais qui nous en a confié la gestion -, prouver à et avec ses habitants et ceux des environs, que nous avions une vision du Cinéma à offrir, et un projet de cinéma viable pour le porter à Conflans Ste Honorine.
 
     Très vite, nous avons essayé de répondre aux nombreuses interrogations des uns et des autres sur notre programmation, les difficultés à obtenir les copies, à se faire (re)connaître, et surtout la manière dont certains pouvaient prendre part à l'existence du cinéma.
     Un comité de soutien s'est créé qui a pris en charge des actions très concrètes : effectuer de menus travaux dans certaines parties du cinéma, distribuer les programmes régulièrement, prendre en charge l'organisation de soirées… Drainées par l'envie plus que palpable d'assurer le maintien d'un cinéma dans le centre ville, ces énergies ont permis l'installation d'une dynamique autour de la salle et facilité des rencontres avec les associations autour. Un an plus tard ils sont devenus les « amis du Ciné.Ville» et s'y réunissent régulièrement.
      Petit à petit, les partenariats renouvelés avec les acteurs locaux, les écoles, les centres de loisirs, les demandes et remarques de nos spectateurs, le soutien de la mairie, celui des commerçants de centre ville et des environs, toutes ces marques de confiance et ce travail en commun ont permis à la belle et exigeante mission de notre salle de prendre forme.
     De gros travaux ont été entrepris :chauffage, isolation thermique et phonique, amélioration de l'équipement sonore et en cabines, décoration de la façade, rénovation du hall, équipement en projecteurs numériques, etc. Depuis lors,
     nous voulons, loin des programmations interchangeables des grands circuits, embrasser le cinéma dans toute sa diversité. Il ne s'agit bien sûr pas pour nous de tout montrer à tout prix mais de considérer que, des objets commerciaux aux films expérimentaux, en passant par les œuvres de genre les plus populaires, tous les films sont possibles dès lors qu'ils apportent un regard, un questionnement, une connaissance sur quelque chose qui sans cela nous échapperait de l'histoire de l'homme et du cinéma.

      Pour cela, chaque semaine, notre programmation propose environ un tiers de films populaires de qualité, un tiers de films pour enfants, et un tiers de films art & essai (en vo ou vf).

      Et puis, régulièrement, nous nous laissons aller au plaisir d'un cycle autour d'un acteur, d'un réalisateur, d'un type de personnage pour lequel nous sommes généralement accompagnés de techniciens, de critiques, de faiseurs du cinéma, d'intervenants fidèles à l'œil aguerri et à la verve poétique….

     nous voulons faire vivre les films hors de leur simple projection et faire sortir le cinéma de ses murs, faire résonner les films dans notre quotidien, de manière ludique ou sérieuse, afin que le temps de la projection ne soit pas toujours une fin en soi.
     Pour cela les films sont l'occasion de débats de sociétés, à l'occasion de films particuliers ou régulièrement avec la Ligue des Droits de l'Homme, de rencontres cinéphiles, d'évènements musicaux (prestation avant le film ou ciné-concert) et même sportifs (démonstration de boxe, de tir à l'arc...).  Et nos salles se prêtent également à des goûters d'anniversaire, des réunions débats sans projection, des cours ludiques (« semaine de l'environnement », « comment faire un film », etc.).

      nous voulons faire du cinéma un outil pédagogique pertinent, que cela passe à la fois par le choix des films et du public auquel ils sont projetés, et par celui du lieu, la salle de cinéma, comme lieu privilégié d'échange et de réflexion.

      Pour cela, nous faisons partie par exemple du dispositif « école et cinéma » qui propose chaque année trois films aux écoles de la ville (maternelles et élémentaires) à un tarif préférentiel. Cela permet d'initier des enfants à des cinématographies qui sortent de l'ordinaire (éloignées dans le temps ou géographiquement) et parfois à la version originale.

     De plus, en octobre 2005, nous avons créée l'Université Populaire du Cinéma : tous les mercredis soirs (suivant le rythme du calendrier universitaire) de 20h30 à 22h30, un spécialiste en cinéma vient échanger avec nous à partir de son savoir et de sa manière de réfléchir le 7ème art. Ces conférences sont gratuites et ouvertes à tous.
      Croyant profondément que c'est dans les salles de proximité que le cinéma se fait, nous essayons, entre sorties nationales et films du répertoire, entre rendez-vous réguliers et évènements ponctuels, de tisser des liens entre les films et d'inventer, avec ceux qui viennent les voir, une nouvelle manière de les fortifier et de les mettre en valeur. Pour écrire et raconter, ensemble, une histoire du cinéma.
 

 

Claude Forest